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sweetlullabies
25 septembre 2009

La maîtresse culpabilise!

11H05. Moi et mes élèves, on est en train de travailler, vraiment, quand T. débarque. T. est un OVNI dans l'école. Objet vivant non identifiable. Une sorte de secrétaire-aide à la vie scolaire. Qui compte les jours jusqu'à la fin de son contrat (moins de 100 maintenant???) qui, on l'espère tous, sonnera le glas de la page "école" pour lui, et lui ouvrira de nouveaux horizons. "OVNI", ça paie pas. En plus, les nouveaux titulaires de l'école, ils n'ont pas compris tout de suite que non, un "OVNI", ça ne fait pas les photocopies. ça, c'est le boulot de la photocopieuse, et elle n'est pas autonome. 

Bref, T. débarque dans ma classe. En pleine séance. Il brandit un téléphone sous mon nez en marmonnant un "c'est ta maman!". J'avoue, j'ai eu un moment de stupeur. Un appel d'outre-tombe??? pas possible, non? J'ai compris en entendant le son de la voix de belle-maman à l'autre bout. Rien compris d'autre d'ailleurs. Panique totale à l'autre bout du fil et de mon côté, grand moment de solitude avec mon téléphone et mes 25 paires d'yeux rivés sur la scène inhabituelle au possible: la maîtresse est au téléphone. Là, en classe. Un truc digne du Petit Nicolas.

J'ignore encore comment, mais j'ai réussi à canaliser belle-maman. A lui faire avouer qu'il n'y avait pas d'urgence absolue... Promis, je rappelle à midi. Quand les 25 paires d'yeux ne seront plus là. (Réussi à faire promettre à T. de ne plus jamais me faire ce coup-là. Prendre un message, au pire, je peux toujours rappeler dans la foulée.)

Midi. J'ai vaguement compris que Sam était malade. Belle-maman confirme mes doutes. Et panique. C'est vrai quoi, on lui avait dit, à belle-maman, que si les gnomes avaient de la fièvre, il fallait administrer du Doliprane (fourni avec le gnome). Si la fièvre ne baissait pas, il suffisait d'attendre 3 heures avant de mettre un petit coup d'advil dans la machine. Et l'Homme avait promis: l'Advil, ça marche (l'Homme et ses promesses). Belle-maman avait tout noté, scrupuleusement. Elle n'avait pas imaginé une seconde que 1) l'Advil ne puisse pas avoir d'effet 2) que la température puisse encore prendre 1° en 45 minutes. Panique à bord.

D'où le coup de téléphone. Surtout que Sam était ultra flappy. Genre blême, hurlant et vociférant  ou comateux la seconde d'après.

Le message était clair: "toi venir de suite chercher petit monstre!"

Voilà comment j'ai abandonné mes élèves. Au début, j'ai pas culpabilisé tant que ça. Enfin, si, un peu. Mais c'était plus du genre "mince, j'ai pas vu, moi, SA mère, ce matin, en partant, qu'il n'était pas bien". "Je travaille trop, je suis encore partie en coup de vent, entre deux bisous". Après quoi, mes turpitudes se sont envolées dans le flot de choses à gérer: 1) chercher la bête 2) appeler le pédiatre... Non, 1) appeler le pédiatre 2) supplier pour avoir un rdv 3) Chercher la bête.... non.

1) appeler le pédiatre 2) supplier pour avoir un rdv 3) Chercher le cosy (super géniaux ces cosys qui se démontent, le cosy est évidemment dans la voiture familiale, que l'Homme a prise ce matin... évidemment).... 4) Chercher le gnome et faire l'état des lieux... C'est clair, c'est pas la joie. 5) Partir direct en croisant les doigts et les orteils pour avoir une place et ne pas attendre 3 heures chez le médecin... etc...

Je vous passe la visite chez le doc... bilan pour Sam: un bon virus + une laryngite + otite à l'oreille droite. Ok. Passer à la pharmacie. Dévaliser la pharmacie (je ne savais pas qu'il fallait tant de trucs pour lutter contre tout ça).

Et pendant le trajet retour, alors que je me dis que ce serait bien d'appeler P. (le directeur), pour le tenir au courant... ça y est ça me tombe dessus: je les ai abandonnés. Mes élèves. Ils ont été répartis alors que le vendredi, on va au stade et on a "conseil". Et voilà, je culpabilise. Même que j'ai pas corrigé mes cahiers. Et que je déteste avoir tout laissé en plan comme ça. C'est vrai, ils vont préparer comment leur dictée si personne ne leur permet de chercher leurs affaires? Et K. elle va sauter sur l'occase pour me dire, lundi matin, qu'elle avait oublié son cahier de textes... C'est pas moi, la maîtresse indigne qui les abandonne lâchement, qui vais oser dire quelque chose??? hein???

Ce n'est que vers 17H30 que j'ai réalisé que, au fait, je n'avais pas mangé.

Et bon, je sais bien que j'aurais culpabilisé aussi si j'avais fait passer les 25 avant mon ptit dur. Mais bon...

Ceci pour dire à mes lectrices parents d'élèves que oui, nous autres instits nous culpabilisons quand nous devons "abandonner" notre classe (si, si, c'est vrai) . Et encore, j'ai eu de la chance... F., l'affreux remplaçant, est déjà pris dans la classe d'à côté... lol*

*Bon, ok, pas si affreux que ça, c'est une blague entre F. et moi.

PS: P. m'a rassuré. Quelques chanceux ont pu aller au stade quand même, avec d'autres classes... ouf!

PS (bis) : Sam est en piteux état, mais grâce à la pharmacie dévalisée, il a pu dormir, enfin... de toute façon, il n'a pas dormi de la journée, alors j'imagine que je suis tranquille pour quelques heures... il devrait se remettre... enfin, j'espère... et de toute façon, la prochaine fois, c'est papa poule qui s'y colle.

PS (encore): vous noterez que si la chose m'émeut à ce point, c'est que malgré les bientôt 4 ans de loulou, c'est la première fois que ça m'arrive. Jamais je n'avais été obligée de manquer un jour d'école pour cause d'enfants malades!

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Commentaires
C
Tu n'as jamais loupé 1 jour pour enfant malade???<br /> <br /> Tudieu!<br /> Moi, je ne les compte même plus!<br /> Et encore, les trois quarts du temps, les enfants malades sont venues à MON école avec LEURS crobes!<br /> <br /> mais bon, c'est vrai que je culpabilise à chaque fois.<br /> Et souvent en me disant que NON, vraiment, je ne peux PAS être absente. je n'ai pas le temps d'être absente : trop de projets à mener.<br /> <br /> Allez, ici, une période entière sans journée enfant malade! YOUPI!!!
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