Mme Trucmuche

Mme Trucmuche est, à ce que l'on dit, tout à fait charmante.

Charmante, avec tout le monde, sauf avec nous, membres de l'énorme organisation qui a décidé de lui pourrir l'existence à tout jamais. I.e. l'école d'à côté.

Oui, vous avez deviné, Mme Trucmuche est notre voisine. Et à chaque fois que nous la croisons, elle a plutôt l'air profondément dépressive.

Faut dire qu'à chaque fois, elle a une plainte à déposer. Et le bureau des plaintes se résume à tout(e) enseignant(e) qu'elle pourrait avoir la chance de croiser (et qui est toujours ravi de la voir arriver).

Faut dire que...

Ses journées sont ponctuées de sonneries en tout genre.

La première pour annoncer l'ouverture des grilles. La deuxième pour annoncer que ça y est "faut y aller" (se ranger). La suivante annonce la récré. Une après pour annoncer la fin de la récré. Encore une à 12h pour annoncer la fin des classes (pour la matinée du moins). Une à 13H45 pour nouvelle ouverture des grilles. 14H00, on remet ça, il faut se ranger. 15H10, récré. 15H30, on y retourne. 16h25n, c'est fini... enfin, presque. 16h35, rappel pour les élèves inscrits en "aide personnalisée". 17h25, ça y est c'est fini, pour tout le monde et pour la journée.

Et encore, de temps à autre, il y a une sonnerie bizarre et tonitruante qui s'annonce:

- option A: exercice incendie secrètement planifié par le directeur (qui n'a pas prévenu Mme Trucmuche).

- option B: il y a vraiment le feu à l'école (le champagne est au frais chez Mme Trucmuche).

- option C: il n'est que 7H20 et c'est un enseignant qui a oublié d'entrer le code pour éteindre l'alarme. Facile à vérifier, l'enseignant sort rapidement parce que la sonnerie est absolument insupportable à l'intérieur. Puis il pénètre à nouveau dans le bâtiment en se bouchant les oreilles (il a oublié le téléphone pour appeler la mairie et prévenir que ce n'est que lui).

Les sonneries, c'est déjà usant.

Mais il y a aussi le bruit. 400 marmots en récré, c'est encore ce qu'on a trouvé de moins discret.

Mais s'il n'y avait que ça...

Il y a aussi les élèves qui lui piquent des roses ou des fruits tous les après-midis sur le chemin de l'école... et au retour pour maman.

Il y a les petits malins qui sonnent et déguerpissent en ricanant avant que Mme Trucmuche n'ait eu le temps de réagir.

Il y a les pétards qui explosent devant sa grille de novembre à février, 3 fois par jour. 

Il y a ce fichu ballon qui atterrit une fois tous les 2 jours dans son jardin. Suivi d'un enseignant qui salue, sourire aux lèvres, pour que Mme Trucmuche renvoie le fameux ballon. Mme Trucmuche renvoie le ballon, qui ne passe pas la grille (événement ponctué d'un rire collectif, Mme Trucmuche ayant toujours besoin d'un second coup d'envoi).

Même qu'une fois le ballon a fini sur le toit. Il a fallu l'intervention d'un voisin pour le récupérer, enfin.

Et les billes. Sales bêtes. Elles parsèment son jardin.

L'année dernière, il y a même une bille qui a brisé le pare-brise de sa vieille citroën. Hum.(bon, dans les faits, nous avons fini par trouver le coupable... et il s'agissait d'un collégien... Mme Trucmuche est cernée, le collège est juste en face).

Mme Trucmuche ne nous aime pas... Je ne vois vraiment pas pourquoi.