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sweetlullabies
4 mars 2009

Le mezzé, mode d'emploi

Puisque je vous livre mes recettes libanaises, je crois qu'il devient inévitable à présent de vous parler un peu de tout le reste.

Le libanais est, par essence, hospitalier. Il s'agit d'un phénomène culturel, il me semble. Dans de nombreux autres pays d'Orient, recevoir est à la fois un art et un devoir. Ceci vient en fait éclairer un peu la pratique du mezzé. Le mezzé n'est pas juste un coup de restaurateur averti qui vous invite ainsi à goûter un maximum de saveurs pour des sommes parfois carrément indécentes... non, le mezzé, c'est culturel. Il ne s'agit pas seulement de manger, ou de recevoir, mais de goûter au plaisir d'être ensemble, et de partager bien plus qu'un repas.

Il existe différents types de mezzés. Léger (si, si, ça se fait), riche ou royal. Il s'agit en fait de présenter un maximum de plats différents (10 à 25) dans de petits ramequins, où chacun viendra piocher selon son envie. Le plus souvent, quand même, il y a bien plus de victuailles qu'il n'en faudrait si l'on se voulait raisonnables. La profusion vient du fait que, traditionnellement, culturellement, au Liban, l'invité ne doit pas manquer de quoi que ce soit.

Les proverbes libanais sont assez explicites sur la question: "Plus tu mangeras, plus tu me prouveras ton amitié", ou encore :"Il n'y a que la santé qui mange".

L'hospitalité, vous disais-je. Mais le mezzé se déguste aussi au fil des heures. Il s'agit d'un repas qui se prolonge encore et encore, animé par les discussions et les échanges. Là, je dois noter une autre particularité orientale. Les Marseillais qui me lisent n'y verront probablement rien de surprenant, mais pour un alsacien, la chose est curieuse (voire agaçante?).

L'Oriental a toujours le temps. C'est ainsi que mon grand-père manqua un jour de devenir complètement chèvre. Il était né en Orient, certes, mais avait vite adopté le rythme alsacien (Avant l'heure, c'est pas l'heure... Après l'heure, c'est plus l'heure...) et ce jour-là, il avait invité nos nombreux cousins (débarquant, pour l'occasion, des 4 coins du Monde) à se retrouver autour d'une bonne table (alsacienne). Le restaurant était réservé pour midi PILE. A 12H30, personne. 13 H, pas l'ombre d'un oriental. 13H30, mon grand-père avait filé au restaurant (que nous avions déjà appelé une bonne centaine de fois -en fait, toutes les 5 minutes chrono- pour confirmer notre arrivée, forcément imminente)  pour retenir le cuisinier qui repartait chez lui (Après l'heure, c'est plus l'heure, on a dit...). 14H00, le restaurant nous ferme ses portes. 14H15, les cousins arrivent. Evidemment, ils n'avaient pas vu le temps passer. Ils s'étaient retrouvés à l'hôtel, le temps de prendre un café, d'avaler quelques croissants et de fumer pipes et cigares...  Heureusement pour nous, ce jour-là, la Coop d'Alsace, elle, était ouverte, et nous avons dégusté une choucroute sur les coups de 16h (le temps de la préparer, la chocroute)...

Dernier détail, à propos du Mezzé. Le plus souvent, on déguste un narghilé au moment où le mezzé touche à sa fin... Il s'agit d'un véritable rituel. Il y a 4 ans déjà, au détour d'un voyage a Liban, avec des collègues et amies, nous avons découvert les rues odorantes de Beyrouth by night. Des vendeurs arpentent les rues de la capitale avec des tabamels (le fameux mélange de tabac) fumants et odorants, toujours prêts donc à proposer un Narguilé, et laissant derrière eux un parfum singulier et envoûtant. Je me souviens de la surprise de C. devant la scène, convaincue qu'elle était que les libanais parfumaient leur capitale à l'encens... Quel sens de l'hospitalité, ces libanais quand même!

Pour finir en beauté, un proverbe libanais que j'adore:

"Si le chameau pouvait voir sa bosse, il tomberait de honte!".

^^

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Commentaires
L
merci ! ça donne envie d'y allez ^^<br /> bisous
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