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sweetlullabies
8 mai 2009

a spicy one

CancalaiseTous les ans, pour les vacances d'été, j'embarquais pour Cancale. Là, je savais que j'allais passer de merveilleux moments, entourés de tous mes grands-parents, des cousins, oncles et tantes. Mes grands-parents bretons avaient une petite maison de vacances à quelques centaines de mètres de la mer, où nous coulions des jours heureux, de ceux qui gravent de lettres d'or toutes les pages d'une enfance.

Si nous n'étions pas là pour parler des 400 coups commis pendant ce temps de "l'innocence" (hum), je pourrais m'éterniser un moment et vous raconter comment, chaque soir, vers 17h, il fallait courir sur la côte, grimper aux rochers, -le plus haut possible- pour apercevoir la bisquine, la "Cancalaise" qui passait là, toujours à la même heure. 

Tous les ans, les grands -amis de toujours-  se retrouvaient (devant Santa Barbara, Dynastie et le tour de France), tous les ans, nous nous régalions des moules marinières de mon cher papi Roger, des crêpes et galettes légendaires de ma mamie Renée et je finissais toujours par me délecter de ces pauvres tourteaux auxquels j'avais pourtant juré de ne pas toucher en découvrant qu'ils étaient plongés vivants dans l'eau bouillante. On me laissa donc dans l'ignorance la plus complète quant au destin réservé aux bigorneaux "chassés" le matin même... Mais le moment que nous attendions tous, depuis de très longs mois, c'état celui de la paëlla de mon papi Raymond. La légende dit qu'il arracha la fabuleuse recette à un cuisinier espagnol, et mon grand-père refusait de nous concocter son chef d'oeuvre autrement qu'autour de la table cancalaise. Autant dire qu'à son arrivée sur le sol breton, tout le monde en avait déjà l'eau à la bouche.

C'était donc un rituel. Dès le lendemain de notre arrivée, nous nous précipitions chez le poissonnier avant de filer au supermarché du coin dans notre quête du Saint Graal de la paëlla: le safran. J'ignorais, du haut de mes 7 printemps, ce qu'était le safran. La seule chose qui attira mon attention, au moment où il fit sa plongée dans le caddie cette année-là, c'était la jolie petite boîte jaune qui lui servait de contenant.

Le tupperware parfait pour ma Barbie!

Je n'ai pas osé demander la boîte - convaincue qu'on me la refuserait, mais dès que l'occasion s'est présentée à moi, je l'ai subtilement dérobée, débarrassée de la poudre jaune qui l'encombrait, avant de courir raconter ça à Barbie.

Ce n'est que quelques heures plus tard, au moment de la préparation de LA paëlla, qu'une certaine effervescence s'est laissée deviner, en bas, dans la cuisine. Visiblement, les grands cherchaient quelque chose. Très peu de temps s'est écoulé avant que je ne vois débarquer ma Mamie Renée, le sourcil déjà vexé, alors qu'elle me demandait si je n'avais pas "vu" la petite boîte jaune qui contenait le safran. Ma mamie Renée avait un 3ème oeil. Elle flairait la bêtise, démasquait le mensonge, devinait les mauvaises intentions et semblait pouvoir lire, avec ses gros yeux froncés, au plus profond de notre âme d'enfant. Ce soir-là, d'ailleurs, elle n'a pas fait le tour des cousins et des cousines. Elle est venue directement ME voir. Impressionnée, acculée, je secouai la tête en prenant l'air le plus innocent possible.

Mamie Renée est repartie, me laissant là, avec mon remords, la peur au ventre. Je sentais que je venais de faire une "grosse" bêtise, mais que, surtout, je n'aurais pas dû mentir. Ma Mamie Renée savait très bien jouer de ces sentiments-là, et elle ne tarda pas à revenir à la charge. Cette fois, j'avouai le délit, honteuse.

Et vous savez-quoi?

J'ai été punie de Paëlla et j'ai appris ce jour-là, que le safran devait coûter au moins aussi cher que de refaire la carrosserie d'une Citroën neuve.   

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Commentaires
K
Mais tu les as toutes faites les bêtises ma parole!!!<br /> <br /> Allez, j'irai moi aussi raconter quelques souvenirs d'enfance. Ou alors les bonnes phrases de mes soeurs (qui me maudiront...)
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