Le Loulou malade

Force est de constater que le Loulou malade est atrocement pénible.

Non pas que nous ayons à nous plaindre de ses lamentations ou de ses gémissements. Non, le Loulou malade ne se lamente, ni ne se plaint ni même ne gémit un instant.

Non, le Loulou malade laisse simplement le petit monstre qui sommeille en lui s'éveiller tranquillement. A nous autres ses heureux (?) parents de subir "le (désormais surnommé) grand vilain scrogneugneu".

Le GVS (grand vilain scrogneugneu) marmonne devant son assiette qu'il n'aime pas les courgettes, ni les poireaux, ni le chou-fleur, ni les endives, et ne lui parlez pas de clémentines. Ni même de soupe. Le crabe, c'est bon, mais il n'en veut pas. Et la viande n'est pas coupée assez menu-menu. Le GVS fait savoir qu'il n'a pas d'appétit, du moins pas pour autre chose qu'une platrée de gâteaux au chocolat.

A nous autres ses heureux (?) parents de la jouer serré... Parce que si les principes de base (Le crocodile affamé ne choisit pas sa proie) ne sont pas légèrement assouplis, le GVS rendra (littéralement) le légume désormais maudit. Si, au contraire, nous assouplissons trop (il est bien connu que l'appétit manque au malade), nous le paierons cher pendant tout le reste du trimestre...  Le GVS nous scandera invariablement, à chaque fois qu'une option ne s'annonce pas si tentante: "Je suis trop malaaaaaaaaaaaaaaaaaaade... pour les courgettes".

Si encore il n'y avait que ça. Mais le GVS a aussi, malheureusement, le diable au corps. A lui le remue-ménage, les vilains tours, les pires bêtises et les réparties qui n'ont d'égales que celles -légendaires - de sa maman chérie. Ainsi, ce matin, à l'aube, ce n'est pas un crapaud mollasson et gémissant qui a tiré de leur lit les malheureux adultes du foyer.

Mais bien un curieux tintamarre, composé avec génie de bruits de casseroles, de portes de placard qui claquent et de cuillères qui touillent et retouillent. c'est vous dire si j'ai bondi hors de la couette (avec papa poule sur les talons), me demandant ce qui se tramait en cuisine (parce qu'avec le peu de lucidité qu'il me restait, il était évident que c'était bien de là que cet étrange brouhaha provenait). 

Et le spectacle qui nous attendait n'allait pas nous décevoir... Le GVS avait sévi. Nul ne sait si son intention première était de nous préparer un ptit déj au lit (mais curieusement, j'en doute) ou de se préparer seul un délicieux gâteau au chocolat (puisque maman, elle, ne semblait pas décidée à en substituer un d'elle-même à la soupe). Là, dans ma cuisine, sur fond de placards (littéralement) dévalisés, des saladiers débordant d'un mélange farine-sucre, sur une table nappée du même mélange, et un GVS tout à coup tout penaud (LE GVS sait parfaitement se faire penaud quand il sent les ennuis arriver) mais bel et bien barbouillé d'une magnifique et coupable moustache de chocolat... Selon toute vraisemblance, le fameux chocolat (volatilisé) n'est jamais arrivé dans le saladier. Le GVS n'a d'ailleurs pas honte d'avouer qu'il s'est régalé.

Je note tout de même (détail important) que le GVS a progressé (puisqu'il s'agit en fait d'une récidive - ça m'apprendra à lui donner le goût de la pâtisserie) et que mon carrelage semble avoir été épargné par la tempête.

La sentence ne s'est pas faite attendre: PU-NI et zou, tu files dans ta chambre DE SUITE!

A quoi le GVS rétorque en appuyant bien lourdement sur chaque syllabe, d'un air entendu: "s'il te plèèèèè!".

Le sous-entendu était évident, maman qui sévit zappe la politesse la plus élémentaire, n'est-ce pas?

Argh. La journée va être longue.

Et j'aimerais bien savoir QUI a remplacé mon Loulou par un pré-adolescent au verbe si acéré???

Comments

[laeti]

lol ben oui j'ai le meme à la maison !
en prime il pleure la nuit en dormant SVP oui oui et quand tu arrive a le reveiller pour savoir ce qu'il se passe " et ben RIEN" GRRRRRRRRR

bisous

[Christine]

Hihi, le coquin !! Pardonne-moi de rire de bon coeur mais j'ai eu ma part en son temps, tu n'imagines pas les bêtises improbables que peuvent inventer des jumeaux :-)